Être saoudien selon Soony : Danser dans la rue
L’Arabie saoudite possède une riche tradition de danse, avec des styles variés qui reflètent la diversité musicale du pays. Mais ! Il ne faut pas oublier que chaque tradition a un jour été une innovation. Aujourd’hui, une nouvelle génération de danseurs saoudiens combine les mouvements du hip-hop avec des influences traditionnelles pour créer une expression artistique résolument saoudienne. Parmi eux, Soony, danseur de rue originaire du Royaume, a su trouver de nouvelles façons de s’exprimer tout en s’inspirant de ses prédécesseurs. Nous l’avons rencontré afin d’évoquer son parcours, ses inspirations et l’évolution de sa danse.
Q : Parlez-nous de vous – Qui est Hassan Abdulrahman ? Est-il différent de Soony ?
Il y a deux noms, mais une seule personne. Je m’appelle Hassan Abdulrahman, mais tout le monde me connaît sous le nom de Soony, aussi bien dans ma vie personnelle que dans ma carrière artistique et professionnelle. Je ne saurais dire pourquoi – mais qu’on m’appelle Hassan ou Soony, c’est toujours la même personne. Il n’y a aucune différence entre les deux : dans les deux cas, je suis un artiste qui exprime la liberté, l’authenticité et l’âme à travers tout ce que je fais.
Q : Quand et comment avez-vous commencé à danser ?
Ce sont mes deux frères aînés qui m’ont inspiré au départ. C’est grâce à eux que j’ai commencé à danser. Enfant, je les regardais bouger et je reproduisais leurs pas, leur passion et la façon naturelle dont ils exprimaient leur identité. Depuis, je ressens toujours la même chose : quand je me laisse emporter par la musique, bouger devient danser, danser devient s’exprimer, et s’exprimer, c’est la liberté d’être pleinement soi-même.
Q : Quels sont vos morceaux ou artistes préférés pour danser ?
J’ai grandi en écoutant Michael Jackson et en dansant sur ses chansons. Aujourd’hui, je me tourne davantage vers le hip-hop. Côté rythmes, j’ai un faible pour DFUSION, producteur et danseur allemand, ainsi que pour Tellax, producteur et rappeur français aux profondes racines congolaises. Mais ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres : il existe une infinité de musiques incroyables, de rythmes envoûtants et de danseurs talentueux. Il suffit d’ouvrir ses oreilles et ses yeux, ici dans le Royaume comme ailleurs, pour découvrir quelque chose qui donne envie de bouger.
Q : Comment les gens réagissent-ils, en Arabie saoudite et ailleurs, lorsqu’ils vous voient danser ? Apprécient-ils le mélange entre les styles traditionnels saoudiens et le hip-hop moderne ?
Ici en Arabie saoudite, les gens accueillent très positivement cette fusion entre danse hip-hop et danse traditionnelle saoudienne. C’est une véritable avancée dans l’univers de la danse. On le constate par exemple avec le succès de Terhal, qui combine différents styles et a ébloui le public – j’ai adoré en faire partie – ou encore à travers les réactions enthousiastes des passants lorsque nous dansons dans la rue. Et à l’international ? J’ai aujourd’hui de nombreux amis et abonnés aux quatre coins du monde, et tous sont fascinés par ce qu’ils découvrent venant d’Arabie saoudite. Ils me demandent souvent : « Où, quand et comment avez-vous commencé ? Depuis quand ce style existe-t-il dans le Royaume ? » Ma réponse est simple : la danse a toujours été là et le sera toujours. Nous continuons simplement à intégrer de nouvelles influences pour créer quelque chose de nouveau, qui reste néanmoins profondément saoudien.
Q : Comment vous entraînez-vous ? Créez-vous consciemment de nouveaux mouvements et mélangez-vous les styles, ou est-ce quelque chose qui vient naturellement ?
Il y a une règle immuable : aucune séance d’entraînement ne ressemble à une autre. Pourquoi ? Parce que, que je danse seul ou avec des amis, l’inspiration nous surprend toujours. On peut avoir la même musique, le même rythme, et pourtant, quelque chose te pousse à bouger autrement, à enchaîner les pas différemment. À chaque séance, tu finis par inventer quelque chose de nouveau, volontairement ou non. C’est l’une des plus belles forces du hip-hop : un langage corporel qui exprime ton identité, ton histoire, ta direction et ce que ton âme ressent à travers la danse.
Q : Qu’est-ce qui fait de l’Arabie saoudite d’aujourd’hui un lieu unique pour votre style de danse, et quel message donneriez-vous à ceux qui voudraient suivre vos traces ?
Un mot : la culture. Nous faisons partie d’une génération montante qui, dans le cadre de la Vision 2030 du Royaume, écrit une nouvelle page d’histoire en profitant des opportunités pour s’exprimer, partager nos divers héritages et révéler nos âmes. À celles et ceux qui voudraient suivre mon exemple, je dis : « N’écoutez pas ceux qui cherchent à vous décourager, éloignez-vous de ceux qui vous envient. Écoutez toujours votre propre voix et sachez exactement ce que vous voulez. »
Q : Quelles sont vos ambitions pour la suite de votre carrière de danseur en Arabie Saoudite ?
Tout ce que je peux dire, c’est : restez attentifs.
Suivez mes mouvements et découvrez l’Arabie saoudite à travers mon regard.
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