De Yanbu à YouTube : comment un passionné fait grandir la scène VTT en Arabie Saoudite
Nous vous parlions récemment des efforts déployés par les cyclistes pour populariser le VTT dans le Royaume. Aujourd’hui, focus sur un acteur clé de cette aventure : Mark Jensen Marzan, et pionnier de la scène saoudienne, membre de la communauté philippine de VTT Tropang Bayan (littéralement le groupe du peuple ou amis de la communauté). Basés à Yanbu, sur la côte de la mer Rouge, ces passionnés sont à l’avant-garde du développement de la discipline dans la région.
Bonjour, comment est né Tropang Bayan ?
« Il y a une dizaine d’années, tout a commencé par de simples balades après le travail, en ville, entre amis. Ensuite, nous avons commencé à explorer davantage la campagne, nous avons pris une camionnette pour nous rendre dans les montagnes – à seulement 40 minutes environ. Là, nous avons découvert des paysages de toute beauté. C’est à ce moment que nous nous sommes lancés sérieusement dans le VTT, et que Tropang Bayan a vu le jour. Pour nous, c’était une véritable révélation : un sentiment de liberté, d’exploration et de découverte incomparable.
Depuis, nous n’avons cessé d’élargir nos horizons. Nous utilisons Google Maps, nous discutons avec les habitants qui connaissent bien la région, et nous découvrons toujours de nouveaux itinéraires. Ce qui est formidable, c’est l’accueil que nous recevons : tout le monde est ouvert et encourageant, même les propriétaires terriens. »
Comment décririez-vous les sentiers en Arabie Saoudite ?
« Sauvages et presque irréels ! Il y a encore très peu de cyclistes, donc les montagnes et sentiers restent vierges. Ce n’est pas comme dans les grandes destinations VTT déjà établies – ici, nous créons nous-mêmes nos tracés. Les itinéraires partent souvent de pistes de jeep ou de caravanes de chameaux, ou bien nous les créons nous-mêmes. Ils sont rocailleux, ils sont difficiles, mais surtout incroyablement divertissants. »
Parlez-nous des sentiers de votre région et décrivez-nous une randonnée type.
« Chaque vendredi, nous partons en exploration. En hiver, nous visons les grandes montagnes. L’un de nos lieux favoris reste le mont Radwa, un classique des Tropang Bayan. Il culmine à 6 000 pieds (1 828 m) – l’un des sommets les plus élevés de la province de Madinah. Comptez environ quatre heures d’ascension et trente minutes de descente à toute vitesse. Mais croyez-nous : les panoramas et l’adrénaline en valent largement l’effort. Franchement, ça rivalise avec certaines des meilleures destinations VTT au monde ».
Alors, qu’est-ce qui rend le VTT en Arabie Saoudite si unique ?
« Le Royaume est d’une beauté incroyable et vraiment singulière. Chaque sortie réserve une surprise. À AlUla, incontournable, les paysages sont à couper le souffle, mais ailleurs aussi, il y a toujours quelque chose – un défi technique, une source naturelle, une fresque rupestre, un troupeau de chameaux ou même une forêt… la liste est longue. Et puis, c’est très sûr : les gens sont accueillants. »
Tropang Bayang est basé à Yanbu, mais vient justement d’évoquer des forêts. Dans quels autres endroits avez-vous roulé et quels sont vos projets d’exploration à venir ?
« Même si nous sommes basés à Yanbu, nous roulons un peu partout. Le VTT, ce n’est pas seulement découvrir de nouveaux sentiers, c’est aussi rencontrer d’autres communautés. Comme je l’ai dit, c’est un sport en pleine expansion et il existe des groupes à Djeddah, Riyad, Tabuk, Abha… et probablement d’autres encore ! Un endroit qui nous attire particulièrement, c’est Abha dans la région d’Asir. Ses montagnes et forêts rappellent les paysages des Philippines. Là-bas, de nombreux sentiers restent encore inexplorés, et chaque sortie nous en révèle de nouveaux. C’est inexploité. »
Enfin, quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut débuter le VTT en Arabie Saoudite ?
« Le plus important, c’est de se lancer et de rouler. Si vous voulez attaquer les montagnes dont on a parlé, je recommande un vélo tout-suspendu – les VTT électriques sont aussi de plus en plus populaires. Bien sûr, le casque est obligatoire, et pour les descentes nous portons aussi des protections. Comme les sentiers sont encore sauvages et parfois isolés, il vaut mieux prendre quelques précautions : prévenir vos proches de votre itinéraire et de votre heure de retour, par exemple. Mais surtout… il faut être là, embrasser l’aventure, et commencez à rouler. »
À quoi ressemble la communauté VTT ici ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?
« Pour nous, chez Tropang Bayang, tout est né de la communauté philippine. Puis, à mesure que nous sommes devenus plus visibles, nous avons attiré l’intérêt d’autres expatriés et de locaux. Des personnes du monde entier – de Nouvelle-Zélande, du Canada, de Norvège – ont découvert nos vidéos et nous ont contactés. C’est une facette totalement différente de l’Arabie Saoudite, à laquelle beaucoup de gens ne s’attendent pas, et ils sont impressionnés par ce que nous avons ici. Par exemple, un alpiniste norvégien de 73 ans nous a écrit : il n’avait jamais entendu parler des montagnes saoudiennes auparavant, mais nos vidéos l’ont touché, inspiré et il est venu nous rendre visite. C’est une communauté active, et qui ne cesse de grandir. »
Quel avenir voyez-vous pour le VTT en Arabie Saoudite ?
« La découverte. Il y a tellement à explorer : de nombreuses “ultra montagnes” à Tabuk, Yanbu et partout dans le Royaume n’attendent que d’être parcourues. Pour la scène, il ne manque qu’une chose : plus de visibilité. Le gouvernement et certaines entreprises commencent déjà à s’impliquer, comme à AlUla ou avec le Saudi Flight Freeride. Mais ce qui fera vraiment la différence, ce sont les cyclistes. C’est tout ce dont nous avons besoin : plus de cyclistes ! »
Alors voilà – tout ce qu’il faut désormais à l’Arabie Saoudite, ce sont plus de passionnés prêts à se lancer. Et si vous en faisiez partie ? Consultez notre guide des visas pour rejoindre le Royaume et rendez-vous sur les sentiers !